Des réglementations plus strictes et globales pour l'ensemble du cycle de vie des bâtiments
Lorsqu'une organisation est tenue d'établir un rapport sur le développement durable (CSRD), elle doit le faire conformément aux "normes européennes de rapport sur le développement durable" (ESRS). À partir du 1er janvier 2024, les entreprises qui figurent sur la liste des organisations couvertes par la directive sur le rapportage non financier (NFRD) seront concernées. Il s'agit essentiellement des entreprises dont le chiffre d'affaires net est supérieur à 40 millions d'euros et dont le nombre moyen d'employés pour l'exercice financier est supérieur à 250 (rapport obligatoire sur la politique de diversité) et à 500 (autres rapports non financiers), respectivement. Tout cela s'accompagne inévitablement de coûts et d'une charge de travail supplémentaires. Le secteur de la construction s'attend à ce que ces réglementations aient un impact majeur.
Des investissements importants sont nécessaires
En Europe, le secteur de la construction représente 25 millions d'emplois, hébergés par 5,3 millions d'entreprises. Le secteur est responsable de 37,5 % (2020) de nos déchets. Et il est bien connu que les bâtiments représentent 40 % de la consommation totale d'énergie.
Le parc immobilier européen comprend 220 millions de bâtiments datant d’avant 2001. Cela nécessite 275 milliards d’euros/an d’investissements pour les rénover conformément à ce que prescrit le Green Deal européen. Désormais, 3 % de tous les bâtiments publics existants doivent être rénovés chaque année pour réaliser le Green Deal européen.
Vert et numérique
Dans le cadre du Green Deal européen, la législation concernant les matériaux de construction est en cours de réécriture. Les données sur les produits doivent être enregistrées de manière plus précise et uniforme dans un passeport produit. L'empreinte CO2 doit être documentée pour chaque matériau de construction. Le béton est le premier matériau de construction qui doit répondre à cette exigence, suivi par l'acier.
Les passeports des matériaux utilisés dans un bâtiment doivent permettre de calculer les émissions totales sur l'ensemble du cycle de vie, c'est-à-dire la production des matériaux, la phase de construction proprement dite, l'utilisation jusqu'à la démolition, avec recyclage/réutilisation ou fin en tant que déchet.
La réglementation européenne comprend également une section sur la démolition et les déchets qui en découlent.
Actuellement, 70 % des entreprises de construction indiquent qu'elles intègrent la circularité dans leurs activités, mais seulement 38 % d'entre elles ont adapté leurs procédures à cet effet.
Investisseurs et développeurs de projets
Pendant longtemps, le développement des projets s'est concentré sur la « localisation ». Aujourd’hui, tout tourne autour de la législation, ce qui la rend de plus en plus coûteuse. Du côté des développeurs de projets, il semble que le Green Deal européen soit étouffant, non seulement parce qu'il devient plus cher, mais aussi parce que la législation devient souvent plus stricte au cours de la réalisation d'un projet, sapant le calcul et le rendant de plus en plus difficile à répercuter.
En Belgique, rendre les entreprises de construction conformes aux critères ESG leur coûterait 3 % de leur chiffre d'affaires par an. Seules 60 % des entreprises de construction peuvent se le permettre ; 20 % ne peuvent pas du tout le faire et risquent donc de ne pas pouvoir survivre. Cette situation peut également s'appliquer aux promoteurs immobiliers.
Dans le passé, nous avons déjà vu des industries disparaître en Europe - par exemple, les panneaux solaires proviennent maintenant à 85 % de Chine - et la même chose menace de se produire pour d'autres industries liées à la construction en raison du Green Deal européen. Les réglementations imposées devraient être les mêmes pour tous et ne pas être appliquées uniquement aux fabricants européens de produits de construction et/ou aux entreprises de construction.
Effet inverse
Aujourd'hui, le marché résidentiel est gelé, selon Realty, car les utilisateurs finaux ont du mal à financer des logements de plus en plus chers sous la pression des réglementations (climatiques). Le gel du marché conduit à retarder, voire bloquer, l'amélioration nécessaire et imposée de la performance énergétique des bâtiments existants.
En outre, les bâtiments dont la performance énergétique est médiocre - qu'il s'agisse de logements ou de bureaux - subissent une forte dépréciation de leur valeur, ce qui ne contribue pas non plus à stimuler l'investissement dans la rénovation.